Des papillons et des orthoptères dans les vignes !
Vignes - Photo © LPO Sarthe Chez Sébastien Cornilles, vigneron de la vallée du Loir installé en bio depuis 2007, on peut goûter du bon vin de terroir. Pour lui, le terroir, c’est la terre, et qui dit terre, dit proche de la nature.
En effet, ce passionné de la vigne met tout en œuvre pour travailler en harmonie avec son environnement : des bandes enherbées sont visibles dans tous les rangs grâce à un travail des sols réduit au minimum, des haies bocagères ont été plantées, des nichoirs et des gîtes à chiroptères installés et les traitements des parcelles sont effectués uniquement si nécessaire et seulement à base de soufre ou de cuivre.
On y trouve même des espèces remarquables tels que l’Azuré du serpolet (Phengaris arion), un papillon menacé et visé par le plan national d’actions en faveur des papillons, ou encore le Bruant zizi (Emberiza cirlus) et l’Alouette lulu (Lullula arborea).
Ces coteaux calcaires sont des milieux particuliers et surtout très important pour la conservation d’espèces patrimoniales, que ce soit pour les chiroptères, l’entomofaune (insectes) ou encore l’avifaune.
Ici, c’est une partie de l’entomofaune qui a été choisi pour être étudiée, et plus précisément les rhopalocères (les “papillons de jour”) et les orthoptères (les sauterelles et criquets).
Des inventaires scientifiques sont mis en place depuis 2024, dans le but d’étudier l’abondance ainsi que la diversité spécifique pour chacun des taxons. Les protocoles mis en place et adaptés aux besoins sont les suivants : le STERF (Suivi Temporel des Rhopalocères de France) pour les rhopalocères et l’ILA (Indice Linéaire d’Abondance) selon la méthode Voisin (1968) pour les orthoptères.


Deux parcelles appartenant à Sébastien ont été utilisées pour cette étude. La parcelle 1 est entourée de haies et de parcelles viticoles en bio. La parcelle 2 est dénuée d’arbre et est entourée de parcelles viticoles en conventionnel. Les deux sont distantes de 600m environ l’une de l’autre.
Les premiers résultats montrent une nette différence au niveau de la densité des populations pour les rhopalocères : 33 individus observés dans la parcelle 1 contre seulement 8 dans la parcelle 2. Cette différence est moins marquée en ce qui concerne la diversité spécifique : 8 espèces décomptées pour la parcelle 1 contre 5 dans la parcelle 2. Quant aux orthoptères les résultats sont strictement les mêmes : 6 individus pour 3 espèces différentes dans chaque parcelle.
On notera par ailleurs la présence d’autres espèces observées hors protocoles et attestant de la diversité rencontrée dans les parcelles viticoles : 2 Lézards verts (Lacerta bilineata), 3 Tariers pâtres (Saxicola rubicola), 3 Mantes religieuses (Mantis religiosa), une dizaine de Chrysopes vertes (Chrysoperla carnea) ainsi qu’une vingtaine d’odonates dont la Libellule fauve (Libellula fulva), le Sympetrum sanguin (Sympetrum sanguineum), l’Agrion à larges pattes (Platycnemis pennipes), et bien d’autres encore…
Une analyse plus fine est encore en cours. Cependant, des biais sont d’ores-et-déjà à prendre en compte avant de tirer des conclusions hâtives de ces premiers résultats. En effet, un unique passage a été effectué sur les deux parcelles fin août, période à laquelle les populations commencent à diminuer voire, pour certaines espèces, à ne plus être présentes. S’ajoute à cela la météo très peu clémente en 2024, avec de fortes pluies toute la saison estivale. Elle a assurément eu un effet négatif sur toutes les espèces étudiées. Enfin, un seul passage a été réalisé pour cette première année d’inventaires.
Cette étude servira donc d’état initial afin de suivre l’évolution des parcelles. Des inventaires complémentaires pourront alors enrichir ces résultats afin de toujours plus démontrer les bienfaits de travailler main dans la main avec la nature !












